Les oisifs : le sel répudié de la terre

Publié le par veronique delbove

Sont oisifs tous ceux qui, pauvres ou riches, n’ont personne pour leur dire que faire ; sont oisifs tous ceux qui n’ont pas d’horaires, qui ne sont pas pressés, qui sont sans obligation, tous ceux dont l’État n’attend rien et qui n’en attendent rien. Certains d’entre eux s’en sortent bien, sont enviables. Mais enviables de qui ? Les travailleurs, pauvres ou riches, de toute façon les méprisent : les oisifs, pauvres ou riches, sont toujours des parias. Blancs ou noirs, jaunes ou rouges, écrivains ou analphabètes, les oisifs sont le sel répudié de la terre.

C’est cette population infinie et croissante comme l’infini, à laquelle une politique à venir, s’il doit jamais y en avoir une, devra penser, ou plutôt, ce sont eux qui devront penser à eux-mêmes, comme ils ont toujours fait. Ils devront se penser ensemble. Communs. Égaux, mais pas semblables. Également libres. Pour qui la liberté n’est pas permis de tuer, d’acheter, de s’exprimer ou de voyager, mais le plus difficile des possibles.

Bompiani, Ginévra

Futur Antérieur, n°22, Septembre 1994, http://multitudes.samizdat.net/arti....


 

Publié dans laphilosuitsoncours

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
.
Répondre